Témoignage de Clément P.
Au commencement du pèlerinage, il y eut des visages. Beaucoup de visages. Des visages à en avoir le vertige.
Visages de joie de se retrouver après deux années creuses.
Visages d’impatience d’attendre un train qui se fait désirer sous un soleil de plomb.
Visages perplexes de ceux qui, comme nous, vivant là leur premier pèlerinage, cherchent un visage familier auquel se raccrocher.
Visages riants des jeunes s’enthousiasmant en groupe de l’aventure à venir.
En tant qu’accompagnants des jeunes, nous avons été des témoins privilégiés de la magnifique rencontre entre leur énergie et leur désir de servir, et la volonté des pèlerins de partager, au présent et au passé, la richesse et la singularité de leurs existences.
Cette rencontre produit des moments de partage d’une riche intensité et ébranle les cœurs de celles et ceux qui, lors de ce bref instant de leur vie, ont fait le choix de se consacrer à rencontrer et servir l’autre.
Sur le quai de la gare, au retour, chacun avait au fond de lui un peu changé. On ne sait pas forcément dire comment, ou pourquoi, ou à quel point, mais un tel voyage ne peut être traversé sans laisser une profonde empreinte sur le cœur.
Sur le quai de la gare, au retour, il y avait des visages. Beaucoup de visages. Mais ils ne donnaient plus le vertige car, désormais, à ces visages étaient cousus des noms, des sourires, des voix, des histoires, des gestes d’affection, de tendresse, ou de colère parfois, des larmes, des joies, des peines.
Le vertige, ce n’est pas la peur de tomber. Le vertige, c’est la peur de l’appel du vide en dessous de nous, qui nous attire.
Du vide, au retour de Lourdes, sur le quai de la gare, il n’y en avait plus. On trouvait là une humanité pleine et entière, réunie dans sa diversité, traversant les âges, sûre du lien qui l’unit et l’empêchera à coup sur de tomber.
A tous les jeunes qui ont participé à cette aventure, nous vous remercions une fois encore pour votre énergie inépuisable, votre bonne humeur à toute épreuve (même celle du manque de sommeil), et l’engagement physique et affectif dont vous avez fait preuve. Chacun s’est impliqué en totalité dans ce pèlerinage et peut en être fier.
Comme le sucre dans le café, vous ne le voyez pas, mais l’esprit de Lourdes a infusé en vous. Peut-être, plus tard, vous retournerez vous sur votre chemin et pourrez en prendre la mesure.